
TOTEMS
Stéphane Margolis
Vernissage le 9 octobre de 18h à 22h
A la Galerie Kokanas
53 chemin du vallon de l'oriol
13007 Marseille
« Le hasard serait la forme de manifestation de la nécessité extérieure qui se fraie un chemin dans l’inconscient humain. » – André Breton
Comme les ombres fugitives des songes d’enfants qui s’évanouissent lorsqu’on ouvre la porte, les œuvres de Stéphane Margolis se dérobent à toute saisie définitive. Nées d’une intuition pure et d’un dialogue avec le hasard, elles semblent murmurer plutôt qu’affirmer, invitant le spectateur à pénétrer avec délicatesse dans un univers où l’absence de certitude devient une force poétique. À l’image de Simone Weil, pour qui l’artiste doit s’effacer derrière sa création, Margolis disparaît dans ses compositions, laissant place à des chimères qui dansent entre réalité et fiction
Dans sa série Oskar S. Ballett, Margolis revisite le ballet triadique d’Oskar Schlemmer (Bauhaus, 1922), transformant les costumes géométriques en 18 totems sculpturaux. À partir de céramiques vintage des années 80-90 – un vase jaune Art déco, un rouge artisanal, un vert allemand ou une céramique blanche craquelée – il construit des formes anthropomorphes, mêlant plombs de pêche, bois percés et mousse expansive. Ces pièces, oscillant entre design, architecture et sculpture, tissent des ponts entre le Bauhaus, le mouvement Memphis et l’Art déco, incarnant une modernité éclectique ancrée dans l’héritage du passé.
Sa seconde série, plus énigmatique, prolonge cette exploration intuitive. Sans contour défini, elle se dévoile comme une toile vierge où chaque élément porte une résonance psychique. Ces compositions biomorphiques, à la croisée du paysage naturaliste et du lieu fictionnel, suscitent la paréidolie, cette capacité à voir des visages ou des formes dans l’indéterminé. Comme les estampes japonaises dont la « fadeur » invite l’imaginaire à s’épanouir, les œuvres de Margolis n’imposent rien ; elles appellent, d’une voix douce, à contempler l’éphémère.
Telles des toiles d’araignée tissées dans l’ombre, ses créations semblent fragiles, prêtes à s’évaporer au moindre souffle. Elles convoquent un animisme discret, où chaque objet, chargé d’histoires oubliées, devient le support d’un récit intemporel. Entre surréalisme, cinéma japonais des années 60 et architecture moderne, Margolis réinvente notre rapport aux choses, transformant l’ordinaire en un rébus poétique, une délicate décalcomanie de l’inconscient. Entrer dans son univers, c’est avancer humblement, avec la pudeur de celui qui craint de troubler un songe.
